Arcadis publie son index annuel des coûts de construction dans le monde

Publié par Stéphane Cloutour le

Les villes françaises, dans le 2ème quart du classement, restent attractives en matière d’investissements malgré un contexte politique et économique instable

Selon le dernier indice des coûts de construction dans le monde publié par Arcadis, leader mondial de l’ingénierie et du conseil, Genève est la ville du monde où construire coûte le plus cher, détrônant Londres (2e place) dans le classement, suivie de près par Zurich (3e), Munich (4e) et New York (5e). Nice, Paris, Marseille et Lyon se situent respectivement à la 29e, 32e, 37e et 38e place.

Dans le monde
D’après le rapport Arcadis qui réalise tous les ans une étude comparative des coûts de construction dans 100 villes du monde, les normes de construction de plus en plus exigeantes notamment en matière de développement durable et la pénurie de main d’œuvre continuent d’exercer une pression sur les coûts de construction dans les grands centres urbains en Europe et en Amérique du Nord.
Bien que l’inflation ait diminué dans certaines régions notamment dans les grandes villes américaines comme New York et San Francisco, les coûts d’emprunt à long terme, l’incertitude géopolitique et les politiques commerciales ont un impact direct sur les investissements. Pourtant, même dans cette période de grande incertitude, Arcadis souligne dans son rapport qu’une approche proactive s’appuyant sur l’analyse de donnés peut générer de la valeur.
Arcadis met également en exergue les opportunités de croissance dans les secteurs des data centers et des infrastructures sociales comme les hôpitaux et les écoles, malgré une inflation persistante dans certaines zones géographiques telles que l’Australie, l’Europe de l’Est et dans une partie de l’Asie.

En France

En 2024, l’économie française a connu une croissance de 1,1 %, tirée par l’investissement public. Néanmoins, les dernières prévisions indiquent un net ralentissement dans les prochaines années. La contribution du secteur de la construction au PIB était en retrait de 2,3 % en 2024, après une croissance de 0,2 % en 2023. Cela est principalement attribué aux taux d’intérêt élevés, à l’érosion de la confiance dans un contexte d’incertitude politique et aux prix élevés des matériaux de construction.
Les taux d’intérêt encore élevés, même si la tendance est à la baisse, continuent de freiner les investissements. Les niveaux actuels des carnets de commandes restent faibles et l’immobilier résidentiel et commercial risquent de connaître de nouvelles difficultés en 2025. Les dernières données de l’INSEE montrent que le nombre de permis de construire dans le logement a chuté de 12 % en 2024. Côté immobilier d’entreprise, les taux de vacance continuent de grimper. Avec un marché immobilier en berne, l’hôtellerie fait cependant figure d’exception avec des volumes d’investissement en hausse en 2024, confortant ainsi la place de la France comme première destination touristique mondiale. Hassen Naifer, Senior Cost Manager au sein d’Arcadis, déclare : « Plus généralement, dans le secteur de l’immobilier, le véritable problème est l’environnement d’instabilité que nous vivons, qui n’incite pas les investisseurs à lancer de nouveaux projets. Et quand les projets ne sont pas arrêtés ou décalés dans le temps, on observe une attention particulière portée à l’optimisation des coûts. La tendance générale est à la sobriété financière. »

En dehors de l’hôtellerie, d’autres secteurs se démarquent. C’est le cas du secteur technologique qui offre de nouvelles opportunités de développement, notamment en matière d’infrastructures d’Intelligence Artificielle (IA), comme en témoignent les investissements des Émirats arabes unis, jusqu’à 50 milliards d’euros, pour bâtir le plus grand campus d’IA d’Europe en France et de Brookfield, de l’ordre de 20 milliards d’euros, dans les data centers en France. Sans oublier les 109 milliards d’euros d’investissements annoncés par le Gouvernement pour des projets de développement de l’IA dans les prochaines années. Hassen Naifer commente « La France compte sur le secteur de la technologie et de l’intelligence artificielle pour croître. Elle est devenue l’une des destinations phares en Europe pour l’implantation de data centers et s’est hissée parmi les leaders européens en matière d’IA grâce à son écosystème extrêmement dynamique de startups et ses formations d’excellence. Mais les guerres commerciales at les progrès de la Chine en matière d’IA pourraient avoir des effets négatifs et créer un climat d’incertitude dans l’année à venir. »

Au-delà des nouvelles technologies, d’autres secteurs clés préparant l’avenir du pays tels que l’énergie, l’industrie et le secteur pharmaceutique affichent également un certain dynamisme. Cela se traduit par d’importants investissements dans les énergies renouvelables et la transition énergétique, avec de nombreux projets d’infrastructures et d’usines pour la production d’équipements et d’énergie éolienne off-shore ou de batteries pour véhicules électriques.

Malgré les difficultés, la France reste attractive en matière d’investissements. Elle dispose d’atouts forts tels qu’une énergie décarbonée et une position géographique faisant d’elle un carrefour stratégique en matière d’électricité. Elle bénéficie aussi d’une image renouvelée à l’échelle internationale grâce au succès retentissant des Jeux Olympiques et à la restauration de Notre-Dame de Paris en moins de 6 ans. Hassen Naifer déclare : « Les contraintes sur les projets restent de nature réglementaire : les procédures de permis de construire prennent du temps et les exigences en matière de développement durable sont importantes. C’est pourquoi, il est important de planifier ses projets à l’avance. »

Bien que les coûts de construction aient montré des signes de stabilisation en 2024, le secteur reste sensible aux fluctuations des prix des matériaux, aux coûts de la main-d’œuvre et aux politiques économiques. Une attention particulière est nécessaire pour anticiper les tendances futures du marché. Hassen Naifer conclut : « Pour naviguer dans ce contexte économique et politique instable, il est important d’être accompagné. Une planification stratégique et une gestion proactive des coûts sont essentielles pour assurer la viabilité des projets et créer de la valeur à long-terme. »

Pour plus d’informations, vous pouvez télécharger le rapport complet via ce lien


Les 10 villes où les coûts de construction sont les plus élevés :
1. Genève
2. Londres
3. Zurich
4. Munich
5. New York City
6. Copenhague
7. San Francisco
8. Bristol
9. Dublin
10. Hong Kong

Les 10 villes où les coûts de construction sont les moins élevés :
100. Buenos Aires
99. Bangalore
98. Kuala Lumpur
97. Delhi
96. Johannesburg
95. Ho Chi Minh
94. Mumbai
93. Chengdu
92. Wuhan
91. Nairobi